Planche cerises N 20 decembr 2020 compresse .pdf


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© Serge d’Ignazio

Rapport(s) de forces

Il s’agit en fait de s’interroger sur l’état
d’avancée de l’émergence d’une société qui soit le lieu de la libre association
d’hommes et de femmes, libres notamment de toute domination quelle qu’en
soit la nature et le caractère.

des deux dernières décades, il est actif
partout sur la planète avec ses mobilisations, ses rassemblements, ses succès
notoires, malgré la brutalité à son égard
des régimes fascisants d’Europe ou
d’Amérique.

La rencontre autour de la notion de rapport de force pour riche qu’elle ait été ne
s’est guère attardée sur une domination
qui est l’objet d’un mouvement mondial,
quelque chose qui est de l’ordre d’une
révolution planétaire. Le mouvement féministe a dépassé ses atermoiements

Le mouvement des femmes a pris un caractère universel quant à la géographie,
universel quant aux motifs de l’action,
universel quant à l’installation dans la
durée. En cela il a cessé d’être le combat contre une domination seconde, domination dont la fin était attendue pour
le lendemain du grand soir, puisqu’on le
savait bien, une fois pris le palais d’hiver
tout irait mieux.
Notre rencontre n’a guère abordé le
rapport de force extrêmement amélioré
entre les forces de l’émancipation et les
forces patriarcales.

Le mouvement
des femmes
a pris
un caractère
universel
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Néanmoins Danielle Carrasco oppose l’atonie du mouvement populaire
dans les lieux où elle milite, à la vitalité
du mouvement des femmes : « Dans le
mouvement des femmes c’est plutôt l’in-

verse, il y a une radicalisation et sur le
plan international on voit que ça bouge
aussi beaucoup. Sur l’international on arrive à se connecter entre les différents
mouvements c’est plutôt stimulant. On
a quand même fait reculer le pouvoir en
Pologne ». Céline Verzeletti évoque :
« les mobilisations réussies quant à
l'égalité hommes femmes ». Catherine
Destom Bottin puise dans son expérience personnelle l’appréciation suivante : « je suis noire et femme et bien
quant au rapport de force très honnêtement je vous jure que je fais nettement
moins la gueule que durant les 50 dernières années ».
De Paris à Varsovie, en passant par le
bureau ovale de la Maison-Blanche la
violence à l’égard du mouvement féministe est le fait de ceux qui n’entendent
pas que la domination de genre probablement la plus vieille de l’histoire de
l’humanité prenne fin, ce serait une des
plus mauvaises nouvelles pour toutes les
dominations que trimballe encore l’humanité. 

© Serge d’Ignazio

♫♫ Où sont les femmes
A l’international ?
On ne saurait dire l’état du rapport
de force en se limitant à la situation
d’un seul pays. Henri Mermé invite
à « retrouver cette tradition du mouvement ouvrier de peser le rapport de
force à l’aune de ce qui se passe sur
la planète ». Bruno Dellasuda lui emboîte le pas quand il affirme : « on ne
peut évaluer le rapport de force qu’à
l’échelle internationale. Pour nous qui
sommes internationalistes et altermondialistes ça va de soi mais dans les milieux militants, il y a des résistances et
des difficultés à percevoir cet aspect
des choses. »

Les combats d’ici puisent de l’énergie, de l’intelligence et de la stratégie à
l’aune des combats de là-bas. Mais plus
fondamentalement, la mondialisation capitaliste absolue fait que le combat de
classe, s’il est échec des dominé d’ici
l’est aussi des dominés de là-bas. Mais
l’inverse est tout aussi vrai. Leurs avancées sont les nôtres, elles confortent nos
batailles.
Henri Mermé recourt à la notion de
ligne de crête. D’une part il y a : « la dimension positive des changements au
travers des luttes sociales des luttes dé-

mocratiques qui se sont déroulées dans
diverses régions du monde comme un
nouveau cycle de lutte depuis le précédent des années 2010 2011 » . D’autre
part souligne-t-il : « en parallèle à ces
éléments positifs qui vont dans le sens
du changement il y a contradictoirement
lié à la crise de la COVID des conséquences économiques et sociales dont
on perçoit tout juste les premières manifestations évoquant ces dynamiques
contradictoires ». Il invite à user de la
notion de ligne de crête : en raison de
la pandémie le développement des luttes
populaires s’essoufflent en même temps

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