Planche cerises N 20 decembr 2020 compresse .pdf


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CULTURE

Spectacle Vivant :
changer de paradigme !
Traverser un inédit a ce parfum doux-amer qui transforme le futur en
brouillard d’hypothèses entremêlées. Le secteur culturel, déjà bouleversé par plusieurs décennies d’attaques en tout genre, traverse la crise sanitaire à tâtons comme effrayé de voir s’effondrer un édifice si âprement
acquis. Et pourtant, il est grand temps de changer de paradigme.
Les enjeux sont multiples. L’Opéra de Paris annonce plus de 50 millions de déficit
(que l’État comblera sans trop de doutes...). Si les dispositifs de soutien sont
nombreux, les impacts économiques commencent à apparaître dans leur effet
rebond. La baisse de la diffusion des spectacles met les structures de création
dans un déficit structurel et une difficulté à se projeter assez vertigineuse.
Les cotisations salariales et patronales du secteur sont en chute libre. L’organisme
de formation du secteur culturel, l’Afdas, annonce la suspension des prises en
charges des formations des intermittents. La médecine du travail (CMB) appelle
à l’aide et annonce qu’elle pourrait ne pas survivre à 2021. Les caisses sociales
(retraites, congés spectacles…) sont toutes dans le rouge. Les syndicats de salariés demandent 40 millions à l’État pour sauver les meubles. Si la prolongation de
“l’année blanche” pour les indemnités des intermittents semble une évolution nécessaire, elle ne ralentira pas la diminution considérable de l’emploi salarié dans
le secteur et pourrait même participer à l’aggraver. La possibilité de la disparition
de certains conquis est une réalité et les décisions prises par le pouvoir dans les
mois qui viennent auront des conséquences durables.

Le noyau de la nouvelle équipe est constitué de
Benoit Borrits, Bruno Della Sudda,
Catherine Destom-Bottin,
Laurent Eyraud-Chaume, Bénédicte Goussault,
Alain Lacombe, Sylvie Larue, Laurent Lévy,
Christian Mahieux, Henri Mermé, André Pacco,
Makan Rafatjou, Daniel Rome, Pierre Zarka,
Patrick Vassallo, militant-e-s de l’émancipation
cheminant au sein de l’ACU, l’Union
communiste libertaire, d’Attac, de l’Association
Autogestion, du réseau AAAEF, d’Ensemble, de
FI, du NPA, de l’OMOS, de Solidaires ...
Comme dit dans le Manifeste, nous voulons
élargir l’équipe et fédérer d’autres partenaires.
Pour donner votre avis écrire à cerises@
plateformecitoyenne.net
Abonnement gratuit en ligne
http://plateformecitoyenne.net/cerises
https://ceriseslacooperative.info/

C’est dans ce contexte pour le moins morose et alors que le deuxième déconfinement s’annonce lentement, que le Syndicat des arts vivants (Synavi), qui regroupe
près de 500 compagnies et lieux indépendants, met les pieds dans le plat de la
politique culturelle. Il propose le 10 décembre (en visio…) “Jamais trop de compagnies - premières assises du tiers secteur du spectacle vivant”. Pour le Synavi,
la crise a mis en lumière “les limites d’un système : course aux créations trop peu
diffusées, spectacles mal aboutis par manque de temps et de moyens, multiplicité des appels d’offres, des appels à projet, inégalités territoriales pour les acteurs comme pour les habitants, paupérisation des artistes…”. Les compagnies
et les lieux intermédiaires sont les principaux employeurs du spectacle vivant et
les grands oubliés des plans de soutien et de relance. Avec ces assises, ils ne
souhaitent plus être la variable d’ajustement et proposent même de réinventer un
“paradigme” qui privilégie le temps long, la coopération, la présence territoriale. Ils
dénoncent cette mascarade du ruissellement (qui prétend qu’en aidant les “gros”,
on soutiendrait les “petits”...) et préfèrent une “irrigation par la racine”.
Ces assises, qui s’additionnent aux multiples publications et prises de paroles
depuis le début de la crise, racontent en creux l’émergence
d’un tiers secteur, ni concurrentiel ni étatique, qui est
Laurent
déjà une réalité et qui peine à trouver sa place dans
Eyraud-Chaume
une histoire de la décentralisation trop souvent pyramidale. La réflexion est lancée pour mieux définir ce
“déjà-là” qui mêle éthique sociale, responsabilité environnementale, parité, droits culturels, créations avec
la population, questionnement sur la relation art-société, relation avec le secteur de l’économie sociale et solidaire… Et si la crise accouchait d’un futur désirable ? 

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